Après trois années de débâcle dues notamment à une séparation fantaisiste et particulièrement stupide en 2 entreprises, ATOS et EVIDEN, avec des coûts de restructuration proches du milliard d’euros, puis une restructuration financière avec de la nouvelle dette, Atos tente de se redresser.
A l’occasion de son Capital Market Day, ATOS a présenté le 14 Mai 2025 son nouveau plan stratégique « Genesis» et dévoilé sa feuille de route pour les quatre prochaines années.
Quelques chiffres « cible » :
• Un CA 2025 en baisse à confronter aux 9,6 milliards d’euros de 2024. Il faut remonter à 2013 pour trouver un niveau de revenus aussi bas.
• Pour 2025, l’entreprise prévoit un chiffre d’affaires d’environ 8,5 milliards d’euros, ramené à 7,5 milliards si l’activité « Advanced Computing » est vendue et le plan Cartier finalisé (vente à l’APE avec achèvement prévisionnel vers S1 2026), le tout pour un prix de cession bien inférieur aux annonces initiales, aux alentours de 300 millions + 110 millions conditionnés sur les résultats aux échéances 2025 et 2026.
• Un CA de 9 à 10 milliards d’euros à l’horizon 2028 avec une marge opérationnelle de 10%.
• Atos prévoit un doublement de sa marge opérationnelle à environ 4% cette année (2% pour la France), et l’arrêt de l’hémorragie de cash en 2026.
« Genesis» , comment ATOS compte se redresser :
• Le plan « Genesis» met d’abord l’accent sur la simplification de la gouvernance et de la structure.
• Une équipe de direction diminuée de moitié (Comité Exécutif ramené de 40 à 20 et un Top 500 resserré à 200) cumulée avec une réduction de structure de coûts,
• L’activité du groupe sera réorganisée en six lignes de métiers (Business Lines), 2 Business Unit (TS et Consulting) et un état dans l’état BDS (renommé Eviden),
• Les marques évoluent : Eviden se concentre sur les produits : Cybersécurité (Cyber Products), systèmes critiques (Atos conserve MCS), vision par IA (Ipsotek) et calcul haute performance (HPC). Tout ce qui ne concerne pas les produits est ou redevient Atos,
• Une restructuration géographique (sur le seul critère de la rentabilité) : Atos concentre désormais sa présence géographique (très orientée Europe avec des activités importantes aux USA et au MoyenOrient). L’importance de la France est réaffirmée, contrairement à bon nombre de pays dont l’avenir y compris européens est incertain,
• Une diminution des effectifs considérable pour passer de 74.000 salariés début 2025 à 60.000 d’ici fin 2026. (Les fonctions support paient le plus lourd tribut),
• De l’IA du sol au plafond : une nouvelle entité Data & IA est créée, dont les effectifs devraient progresser de 2.000 à 10.000 salariés d’ici 2028 (mystère quant à la répartition géographique mais des présomptions sur une forte localisation en offshore indien). Une nouvelle marotte pour optimiser les fonctions internes qui consistera à mettre de l’IA également dans nos process internes,
• Un portefeuille “optimisé” limité à une quarantaine d’offres sans précision à ce stade sur l’impact en termes d’emplois.
ATOS espère ainsi un retour à l’équilibre et renouer avec une trésorerie positive dès 2027. Les actifs cédés devraient participer prioritairement au désendettement et à des acquisitions stratégiques ciblées.
Le groupe ATOS prévoit aussi d’investir 500 millions d’euros en R&D sur les quatre prochaines années (hors Cartier) et mettre l’accent sur l’Intelligence Artificielle au moyen de partenariats renforcés.
Avec ce plan, le groupe ATOS n’a cependant convaincu personne, ni les marchés, ni les salariés toujours en proie à un doute installé et anxiogène, ni la CFE-CGC.
Qu’en est-il réellement ?
• Aucun contrat (significatif) n’a été signé récemment (et nous ne nous limitons pas à la France),
• Une équipe « SALES » en cours de restructuration et en sous-effectif, ce qui crée le doute quant à son éventuelle efficacité dans un milieu hautement concurrentiel.
• Trop de sous-traitants (en mai, + de 7000 dans le groupe) mis en concurrence avec nos trop nombreux salariés en intermission, dans un jeu de chaises musicales acrobatique.
En synthèse, le plan « Genesis» s’est :
• Un optimisme de façade, des objectifs irréalistes et non SMART,
• Comment revenir à un chiffre d’affaires de 10 Md€ en 2029, en se délestant de Advanced Computing et de nombreuses géographies ?
• Une marge opérationnelle à 10% à horizon 2029, ce qui n’est jamais arrivé depuis plus de 15 ans,
• Un objectif fort de développement de l’IA, sans feuille de route claire à ce jour ni budget suffisant (Atos évoque 500 M€ d’euros de R&D quand Cap Gemini met plus de 3 Md€),
• Un plan de réduction de coûts que la CFE-CGC qualifie de hasardeux et probablement dangereux.
En aucun cas la CFE-CGC ne cautionnera un plan dont le point d’orgue serait la suppression d’emplois (en France), de quelque nature que ce soit.
Mention Spéciale :
• Les prises de décision et leur mise en œuvre sont d’une brutalité jamais vue au sein du groupe même si nous pouvons remercier pour le moment le droit du travail et les protections sociales en France,
• Encore moins de considération pour les salariés et leurs représentants, et pourtant il paraissait difficile de dégrader encore la situation.
• Enfin, et si vous aviez par le passé cru en votre entreprise et investi vos deniers en actions, vous serez probablement sensible à l’optimisme rafraîchissant de Philippe Salle (Interview dans Les échos du 6 juin 2025) qui a annoncé qu’Atos serait prochainement de retour au CAC 40.
Au cas où vous n’auriez pas encore tout perdu, vous avez potentiellement une seconde chance.
Après tout, 100% des perdants ont tenté leur chance !