La GEPP (Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels), anciennement GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences ), est une méthode pour adapter – à court et moyen termes – les emplois, les effectifs et les compétences aux exigences issues de la stratégie des entreprises et des modifications de leurs environnements économique, technologique, social et juridique. La GPEC était une démarche de gestion prospective des ressources humaines pour accompagner le changement. La GEPP se veut davantage proactive pour tout ce qui concerne l’anticipation des évolutions prévisibles (économiques, technologiques ou bien démographiques) qui pourraient avoir des incidences sur la vie et les stratégies des entreprises.
Histoire d’une négociation ratée…
L‘accord GPEC ayant vécu, Atos a engagé une nouvelle négociation dans le cadre de la GEPP. Rappelons que cette négociation est rendue obligatoire par le législateur… sans obligation d’aboutir. Les revendications de la CFE-CGC ont été communiquées dès novembre 2021, amendées en avril 2022 suite aux premiers échanges et ont été explicitées à plusieurs reprises en réunion sans manifestation d’une réelle volonté de prise en compte par la direction.
Pour la CFE-CGC du groupe ATOS les points bloquants dans le projet d’accord de la direction sont légion…
Les « engagements » proposés par la direction :
- Garantie de 3 jours de formation sur 3 ans, pour 75% des salariés.
- C’est insuffisant au vu des enjeux de repositionnement d’Atos. C’est tout au plus un objectif peu ambitieux de plan de formation qui oublie qu’une partie de nos activités est en décroissance et qu’Atos peine à trouver suffisamment de compétences sur ses activités les plus porteuses.
- Ce manque d’ambition risque fort de laisser de trop nombreux salariés sur le carreau.
- Mesures de fin de carrière :
- Elles devaient être réintroduites dans cet accord pour remplacer les mesures « contrat de génération » qui n’existent plus.
- Malheureusement, elles se cantonnent finalement aux dispositions légales pour donner une illusion de contenu.
Les demandes concrètes de la CFE-CGC du groupe ATOS :
- Convenir d’une enveloppe GEPP spécifique sur 3 ans où le non consommé d’une année serait reconduit l’année suivante, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.
- Identifier et protéger un nombre significatif de salariés des métiers dits « sensibles », dont l’emploi est le plus menacé en les accompagnant dans une reconversion (« reskilling ») ou une progression au sein de leur métier (« upskilling »). Aujourd’hui les salariés ayant bénéficié de ces parcours de reconversions sont trop peu nombreux.
- Communiquer régulièrement aux salariés leur positionnement pour qu’ils sachent s’ils sont positionnés sur un GCM sensible, neutre ou stratégique et prévoir un Bilan Professionnel annuel pour les métiers sensibles.
La CFE-CGC du groupe ATOS ne peut se contenter de la position d’Atos qui veut aligner la périodicité des entretiens professionnels sur les obligations légales. Car à terme, l’éloignement d’Atos pour ses salariés ne pourra conduire en 2 ou 3 ans qu’à un PSE (Plan de Sauvegarde de l’Emploi), des ruptures conventionnelles et des externalisations.
- Piloter le projet de GEPP : disposer de moyens de suivi pour identifier les demandes d’évolution ou de « reskilling » exprimées lors des entretiens d’évaluation. La réponse de la direction d’ATOS a été sans appel : pas de gestion de projet, pas d’adaptation dans MyCareer et des fichiers Excel en guise de suivi !
- Booster la politique d’alternance, source indispensable de renforcement de nos équipes :
- Fixer des objectifs par business line,
- Privilégier les alternances sur 2 ans,
- Fixer un quota de Bac+2 que l’entreprise pourrait épauler et accompagner jusqu’au niveau Bac+5.
- Ne pas détourner le CPF (Compte Personnel de Formation) pour financer les formations d’Atos
- L’utilisation du CPF pour financer une formation au catalogue d’ATOS doit être encadrée et ne pas devenir la norme. Connaissant les pratiques d’Atos, c’est une pente glissante sur laquelle nous ne voulions pas entrainer les salariés
- Le CPF, dont l’intérêt est avant tout de se former entre deux périodes d’activité pour retrouver un emploi, peut éventuellement compléter un cursus assez long ou financer des formations qui ne sont pas dans le catalogue ATOS et uniquement avec l’accord du salarié. Il ne peut en aucun cas financer la GEPP de l’entreprise.
- Encourager les évolutions ou les réorientations de carrière par le financement de formations diplômantes hors temps de travail (formations CNAM Informatique, CNED …).
- Renforcer les compétences et les prérogatives de la commission emploi du comité groupe afin d’assurer un suivi paritaire de ce chantier majeur. La réponse, vous l’imaginez sans peine…
En conclusion, les salariés sont déjà couverts par les dispositions légales
et Atos n’a pas démontré sa volonté d’améliorer significativement la situation de ses propres salariés.
Le projet d’accord GEPP proposé par la direction d’ATOS est minimaliste voire dangereux et ne sera pas validé en l’état par la CFE-CGC.